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les chuchotis de ma rivière
16 septembre 2016

Une fille sans chagrin

Je dois être une des rares...

Une des rares à n'avoir éprouvé qu'un chagrin miniature à la mort de mes parents.

A peine un pincement au coeur à la sensation d'être à présent orpheline, de n'avoir plus personne de plus âgée au dessus de moi.

Ma mère a été une personne difficile, toujours critique, peu accueillante

Je me suis occupée d'elle pendant une décennie: lessives de culottes et de chemises de nuit imbibées d'urine, une infamie! ce que l'on fait avec tendresse quand l'amour est présent, devient une corvée désagréable quand le coeur est à sec... c'était mon cas, semaine après semaine!

Sa mort et avant celle de mon père, m'a délivrée et j'ai continué mon chemin

Mise devant ma réalité d'être une "fille sans chagrin", en apprenant la mort du père tant aimé d'une connaissance, j'éprouve une sorte de tristesse, de nostalgie: cette personne est riche de son chagrin, même s'il est douloureux. Je l'envie: elle a un trésor que je n'ai jamais eu. Oui! un trésor...

Pas moyen de revenir en arrière pour "voir" si je ne pourrais pas les aimer davantage, par une attitude plus bienveillante encore: Mais la fille que j'étais a été tout ça... je me suis occupée d'eux du mieux que j'ai pu, c'était mon devoir et je l'ai fait jusqu'à la fin!

Ai-je besoin de me justifier? Je ne sais pas, c'est en tout cas ce que je fais, me semble-t-il... Mon enfance n'a pas été une doux fleuve tranquille, loin de là. Quanq je pense à "eux" c'est la tristesse et le ressentiment qui affleurent

Je pense à Georges Pérec dont les parents sont morts en camp de concentration, et qui a écrit tout un roman sans utiliser la lettre "e". Misson quasi impossible, mais il l'a fait! 

Source: Flickr

Sans "e" cela voulait dire pour lui, sans "eux", ses parents décédés, qui lui manquaient...

 

 

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Commentaires
L
Vous n'êtes pas un cas unique. Loin de la. Si cela peut vous apaiser…<br /> <br /> j'en ai rencontré un certain nombre qui n'ont pas pleuré la mort de leurs géniteurs/trices. <br /> <br /> J'ai même entendu l'une d'elles dire entre ses dents : « bon débarras »<br /> <br /> <br /> <br /> Revenir en arrière pour les aimer davantage ?<br /> <br /> N'est-ce pas un renversement des rôles ?<br /> <br /> Qui doit aimer « en premier » si ce n'est la mère !… Si elle était défaillante, quels que soient les raisons, elle a commis une erreur fatale.<br /> <br /> À vous lire on peut penser qu'elle a instillé ce poison de la culpabilité en vous.<br /> <br /> « Tu n'es même pas capable d'aimer ta mère »…<br /> <br /> mais la vraie parole était : je ne suis pas capable de t'aimer…<br /> <br /> <br /> <br /> une certaine Françoise Dolto, à propos des « mères indignes », disait clairement : <br /> <br /> - il vaudrait mieux que la mère dise à son enfant : je ne t'aime pas. Au moins pour lui ce serait clair qu'il doit aller chercher l'amour ailleurs…<br /> <br /> <br /> <br /> je ne sais comment, mais, débarrassez-vous de ce poison !<br /> <br /> Vous vous libérerez.<br /> <br /> C'est en principe ce qu'une mère doit espérer de son enfant : qu'elle devienne une femme libre !<br /> <br /> À défaut c'est manifestement une mère particulièrement défaillante…<br /> <br /> pour aimer, il faut quand même un minimum de « raisons d'aimer »…<br /> <br /> aimer son bourreau, ce n'est pas de la sainteté… c'est de la connerie…
C
Quel beau billet Eminia! Et la photo est magnifique.<br /> <br /> <br /> <br /> Tu as raison. Un chagrin peut être une richesse lorsqu'il repose sur beaucoup d'amour. Le vide que tes parents ont laissé non pas par leur absence, mais par tout ce qu'il n'y a pas eu avant, est certainement aussi douloureux.<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous.<br /> <br /> Clementine
les chuchotis de ma rivière
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