Une fille sans chagrin
Je dois être une des rares...
Une des rares à n'avoir éprouvé qu'un chagrin miniature à la mort de mes parents.
A peine un pincement au coeur à la sensation d'être à présent orpheline, de n'avoir plus personne de plus âgée au dessus de moi.
Ma mère a été une personne difficile, toujours critique, peu accueillante
Je me suis occupée d'elle pendant une décennie: lessives de culottes et de chemises de nuit imbibées d'urine, une infamie! ce que l'on fait avec tendresse quand l'amour est présent, devient une corvée désagréable quand le coeur est à sec... c'était mon cas, semaine après semaine!
Sa mort et avant celle de mon père, m'a délivrée et j'ai continué mon chemin
Mise devant ma réalité d'être une "fille sans chagrin", en apprenant la mort du père tant aimé d'une connaissance, j'éprouve une sorte de tristesse, de nostalgie: cette personne est riche de son chagrin, même s'il est douloureux. Je l'envie: elle a un trésor que je n'ai jamais eu. Oui! un trésor...
Pas moyen de revenir en arrière pour "voir" si je ne pourrais pas les aimer davantage, par une attitude plus bienveillante encore: Mais la fille que j'étais a été tout ça... je me suis occupée d'eux du mieux que j'ai pu, c'était mon devoir et je l'ai fait jusqu'à la fin!
Ai-je besoin de me justifier? Je ne sais pas, c'est en tout cas ce que je fais, me semble-t-il... Mon enfance n'a pas été une doux fleuve tranquille, loin de là. Quanq je pense à "eux" c'est la tristesse et le ressentiment qui affleurent
Je pense à Georges Pérec dont les parents sont morts en camp de concentration, et qui a écrit tout un roman sans utiliser la lettre "e". Misson quasi impossible, mais il l'a fait!
Sans "e" cela voulait dire pour lui, sans "eux", ses parents décédés, qui lui manquaient...